Escherichia coli : organisme modèle de laboratoire

La face cachée de la diversité

Fun fact : La diversité de formes adoptées par les espèces bactériennes est particulièrement vaste (étoile, multi-lobée, croissant…). Mais chaque souche est en mesure de contrôler sa forme caractéristique.

Personne contact : Manuel Campos, chargé de recherche : manuel.campos@univ-tlse3.fr

Photo originale

Un échantillon de terre tamisée est dilué au 1/10ème dans de l’eau stérile. Après décantation, le surnageant est prélevé puis dilué en série au 1/10ème. Une fraction d’une dilution contenant les microorganismes de la terre est étalée sur une boite de Petri contenant un milieu sélectif spécifique des actinomycètes du sol (contient de l’acide humique, des anti Gram- et antifongiques) et les microorganismes sont cultivés à 27°C pendant 2 semaines.

Crédits photos : ©Marie-Line Daveran-Mingot et ©David Villa

Escherichia coli

Famille : Enterobacteriaceae

Forme : bâtonnet

Type : Gram négatif

Découverte : en 1885, par Theodor Escherich

Adresse : tube digestif

Spécificité : bactérie commensale dont la plupart des souches sont inoffensives, celles produisant des shigatoxines sont pathogènes.

Pathologies : gastroentérite, infection urinaire, méningite ou sepsis

Explications

Comme tous les êtres vivants, les bactéries ont besoin de se reproduire. Mais ici, la prolifération cellulaire se fait sans reproduction sexuée ! Chaque cellule est capable de multiplier son volume (et tout ce qu’elle contient) par 2 – en moyenne – avant de se diviser, sans autres apports que sa nourriture. Imaginez une machine qui soit capable de construire une copie d’elle-même sans que nous n’ayons à lui fournir ni outils ni matière première ! Chaque cellule est un ‘système intégré’, autosuffisant, en moins d’un micromètre cube et 5,000 gènes. Au cours de l’évolution, les bactéries ont développé des stratégies de prolifération extrêmement robustes, adaptées à leurs niches écologiques.
L’efficacité de la reproduction bactérienne, par sa vitesse et son faible taux d’échec, est un facteur majeur qui détermine sa capacité à proliférer (se développer) ou non dans son milieu.

Une cellule mère, possédant un volume et une quantité d’ADN minimaux pour ses conditions de croissance (ici représentée avec une unique copie chromosomique, en bleu), augmente sa taille, réplique son matériel génétique depuis l’origine de réplication (symbolisée par un cercle sur le chromosome) jusqu’au terminus de réplication (symbolisée par un carré bleu) et se divise en deux cellules filles identiques. Le temps depuis la naissance de la cellule jusqu’à sa division représente une génération (voir panneau Interstell’Art pour la division cellulaire). Dans des conditions favorables, les souches d’Escherichia coli se divisent en 20 minutes

@Alix Meunier

Escherichia coli : Dr Jeckyll et Mister Hyde !
L’appellation Escherichia coli représente une espèce bactérienne. Les différentes souches de cette espèce peuvent être :
Escherichia coli commensale : souche présente dans notre microbiote intestinal, elle n’est pas dangereuse. Cette catégorie représente 95% des souches d’Escherichia coli.
Escherichia coli pathogène : qui peut provoquer une maladie. Certaines souches d’Escherichia coli sont équipées pour se développer dans des endroits qui nous causent des maladies. Par exemple, certaines peuvent s’installer à l’intérieur des cellules de notre vessie et causer une infection urinaire, d’autres peuvent libérer des toxines dans notre intestin, ou s’installer dans nos cellules intestinales et générer des diarrhées qui peuvent être graves dans certains cas (exemple des pizzas contaminées).
Escherichia coli : souche de laboratoire qui sert à beaucoup d’expériences dans les laboratoires de microbiologie (Elle n’est plus adaptée au milieu naturel).

Etude de la diversité chez Escherichia coli au laboratoire

Au laboratoire, nous étudions les différences de croissance, de taille, de vitesse de division, ainsi que d’autres paramètres liés à la prolifération cellulaire, dans différentes souches d’Escherichia coli. L’étude des divers équilibres dynamiques entre croissance et cycle cellulaire nous permet d’identifier l’origine des variations et donc les mécanismes de coordination de leur prolifération. Connaitre la diversité de ces mécanismes nous informe sur les contraintes rencontrées par les différentes souches et leur manière de s’adapter. Ces connaissances nous permettront de mieux comprendre ce qui amène une souche bactérienne à devenir pathogène ou commensale et peut-être de mieux gérer la dynamique de ces souches dans un environnement aussi complexe que notre microbiote intestinal.
Cela pourrait aussi nous inspirer pour développer des modes de vies extrêmement intégrés, où les ressources disponibles doivent être allouées de manière dynamique pour allier croissance avec les ressources disponibles, tout en assurant une maintenance efficace.